« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

En refusant le débat sur la 5G, Macron nourrit l’obscurantisme

Clémentine Autain

Macron a réuni hier son public favori, les dirigeants de start-up, pour annoncer encore une fois qu’il ne changerait rien à rien. Alors que 70 élu.e.s de gauche et écologistes ont pris position pour un moratoire concernant le déploiement de la 5G sur notre territoire, la réponse de l’exécutif est, encore une fois, de disqualifier tout débat public, balayant les craintes et inquiétudes légitimes.

Loin de toute argumentation, Emmanuel Macron ferme la discussion en assimilant les sceptiques et opposants à la 5G à des promoteurs du « modèle Amish » et au retour de la lampe à huile. Comme si la fin de l’histoire avait sonné. Comme si la notion de « progrès » était une fois pour toute arrimée au consumérisme. Fermer le ban.

Pourtant, le déploiement de la 5G pose de nombreuses questions. Environnementales d’abord, puisque cette nouvelle technologie est énergivore : en l’absence d’étude sérieuse mesurant l’impact sur la biosphère de ce dispositif, il est juste d’être prudent si l’on prend au sérieux la crise climatique. Géostratégiques aussi, puisque face à l’impossibilité de se doter d’un réseau autonome, français ou européen, le choix demeure seulement entre une offre étasunienne ou chinoise.

C’est enfin un choix d’opportunité : alors que tant de Français n’ont accès ni à la fibre, ni à la 4G, l’effort doit-il se porter sur l’accès à un nouveau réseau qui concernera d’abord ceux qui sont déjà les mieux dotés ?

En niant le débat et en refusant de nourrir la décision publique de données scientifiques, Macron nous plonge dans le choix autoritaire et l’obscurantisme. Les tenants du néolibéralisme en sont là : ils assènent leur idéologie comme une évidence, sur l’air bien connu du There Is No Alternative. Où est le progrès ? C’est une question politique.

Ma conviction, c’est qu’aujourd’hui, rechercher le progrès humain exige de rompre le lien entre le plus ou le mieux.

Clémentine Autain

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