« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

Glyphosate, les points sur les I

Clémentine Autain

(Notre engagement contre un procès d’une injustice crasse)

Sur les réseaux et dans les médias, personnellement et collectivement, on me, on nous reproche notre absence lors du vote à l’Assemblée nationale sur un amendement contre l’utilisation du glyphosate. Ces attaques me mettent particulièrement en colère parce qu’elles me paraissent d’une profonde injustice.

François Ruffin a écrit un texte que je vous recommande pour comprendre la situation. J’emboite le pas de l’explication. En m’étonnant d’abord que ceux qui nous traquent à ce sujet ne se focalisent pas sur l’essentiel : Emmanuel Macron s’était engagé contre l’utilisation du glyphosate, il n’a pas tenu sa promesse et la majorité LREM à l’Assemblée n’a pas voulu protéger et adopter des mesures d’interdiction. C’est un choix politique. Pas le mien, pas celui du groupe FI dans lequel je siège. D’ailleurs, ma collègue Mathilde Panot avait posé une question au gouvernement quand la France avait lâché prise face au soutien de l’Union européenne à l’utilisation du glyphosate. Notre prise de position est connue depuis longtemps.

Le vote sur cet amendement est intervenu à 1h40 du matin, soit 40 minutes après la fin normale des séances de nuit. Il était difficile d’anticiper que ce vote important se déroulerait à ce moment-là. Le Président De Rugy a vu la fenêtre de tir et a préféré poursuivre jusqu’à ce point plutôt que de reporter au mardi après-midi où la présence des députés est nettement plus nombreuse. En séance, un seul de mes collègues tenait encore la tranchée, Loïc Prudhomme. Nous ne sommes que 17 dans notre groupe, impossible d’assurer une présence en nombre tous les soirs jusqu’à une heure du matin et plus. C’est une question physique. C’est aussi une question de répartition indispensable du travail. Et notre groupe est particulièrement présent et actif : nous n’avons vraiment pas de leçon à recevoir de ce point de vue.

Il est difficile d’imaginer comment le travail parlementaire se déroule. Jour et nuit – normalement jusqu’à une heure du matin. Week-end compris désormais bien souvent. Les textes s’enchainent. il faut les suivre, être présent en commission (souvent en même temps que les débats dans l’hémycycle), travailler pour préparer nos interventions, rencontrer des associations et personnalités pour enrichir notre travail, intervenir dans les médias pour faire connaître nos positions, être aux côtés des habitants que nous représentons, présents dans leurs initiatives, avoir nos propres réunions locales et nationales, participer aux manifestations en soutien aux mobilisations sociales… Et, accessoirement, dormir, maintenir un minimum de vie familiale, amicale, personnelle. Nous ne sommes que 17 dans notre groupe, le travail redouble, les tâches reposent sur un petit nombre d’élus.

C’est pourquoi, alors que nous travaillons sans relâche et que notre présence est nettement supérieure à la moyenne des députés, nous sommes particulièrement ahuris de nous voir reproché une absence quand c’est Monsieur de Rugy qui décide de dépasser les horaires normaux et que le gouvernement organise la surcharge asphyxiante du travail parlementaire.

Même si tous les députés du groupe FI avaient été là, l’amendement n’aurait pas été adopté. Alors il serait bien de pointer les responsabilités où elles se trouvent, non ?

Le combat contre le poison que représente le glyphosate continue.

Sur ce, je pars pour la séance de nuit sur le logement…

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