« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

La Covid, l’anxiété et nous

Clémentine Autain

La seconde vague s’annonce d’autant plus forte que le gouvernement nous a rendus faibles. Politique de dépistage mal organisée et franchement déficiente, refus dogmatique de rendre les masques gratuits, fiasco de l’application StopCovid, culpabilisation des individus… La réponse gouvernementale à la crise sanitaire est défaillante parce qu’incohérente et illisible. Il manque des moyens et une capacité à planifier de la part de l’État. Notre horizon est d’autant plus bouché que nous ne savons pas où nous allons collectivement. Nul ne sait ce qui adviendra demain, la semaine prochaine, dans un mois. C’est en partie normal quand on fait face à une pandémie mais ce sentiment se trouve décuplé parce qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion.

Notre difficulté à nous projeter se joue à l’échelle individuelle et collective, ce qui est très anxiogène. A ceux qui disent que « c’est le propre d’une crise sanitaire », je réponds qu’il n’y a aucune fatalité dans la gestion d’une épidémie. Que l’anxiété et la peur, nourries par l’entrelacement des crises sanitaire, sociale et économique, signent les errances du pouvoir en place. Le lien social ou la culture sont appréhendés comme totalement secondaires alors qu’ils sont essentiels à la vie, indispensables pour faire face aux angoisses de la période. De ce point de vue, des données sur la circonscription que je représente m’ont interpellée : à Villepinte, la mairie de droite a annulé tous les évènements culturels et associatifs mais se trouve avoir un taux d’incidence significativement plus élevé qu’à Sevran ou à Tremblay – où la vie sociale s’est maintenue dans le respect des gestes barrières. Ce différentiel s’explique peut-être par des éléments que j’ignore mais je trouve significatif que le maintien du lien ne se répercute pas par une plus forte contamination que dans des villes qui se sont fermées, endormies. Il faut être prudent, respecter les gestes barrières, ne pas prendre à la légère ce qui se trame. Il faut tout autant se garder du repli, de l’égoïsme, de la fermeture de tout ce qui fait la vitalité sociale et démocratique.

Maintenir le lien entre les gens, développer la culture de l’entraide, ne pas céder à l’isolement permanent et à cette anxiété d’un tunnel dont on ne verrait pas le bout. La distanciation doit être physique, jamais sociale, et les gestes barrières ne sont pas barricades.

Clémentine Autain

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