« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

Non à la privatisation d’Aéroport de Paris

Clémentine Autain

Alors que la réforme pour la libéralisation du rail passera par ordonnance, Macron s’est empressé de satisfaire un peu plus les intérêts privés en annonçant la cession d’actifs dans les entreprises publiques stratégiques. Conférer au privé ce qui relève des infrastructures aéroportuaires est une aberration. La question écrite de Clémentine Autain au ministre de l’Économie concernant la privatisation d’Aéroport de Paris.

Mme Clémentine Autain interroge M. le ministre de l’économie et des finances sur les futures privatisations annoncées par le Gouvernement, notamment celle d’ADP (Aéroport de Paris). L’État a en effet décidé de vendre la totalité de sa participation de 50,6 % dans le gestionnaire de Roissy et Orly, soit une participation valorisée à hauteur de 8,2 milliards d’euros. Dans une volonté de garder un semblant de contrôle sur le site, le Gouvernement a immédiatement annoncé que l’entreprise qui reprendra les participations de l’État le fera dans le cadre d’une licence d’exploitation de 70 ou 90 ans, censée permettre au Gouvernement de garder le contrôle des 6 600 hectares de Roissy et Orly mais surtout des 412 hectares de réserves foncières. Cependant, malgré ces promesses, de grands doutes persistent sur l’utilisation qui pourra être faite d’un des plus grands domaines aéroportuaires d’Europe.

Ces privatisations ne sont pas indolores

Par ce choix, le président Macron révèle une nouvelle fois le vrai visage de sa politique ultralibérale, alors que l’État envisage également de vendre ses participations dans d’autres entreprises publiques stratégiques, comme la Française des jeux (FDJ) ou Engie. Les conséquences d’une telle décision politique sont extrêmement importantes sur la vie quotidienne des usagers du service privatisé. Ces privatisations ne sont pas indolores : elles s’accompagnent généralement de hausses de tarif significatives pour les usagers, de baisses d’investissement dans les infrastructures, de dégradations des conditions de travail des salariés, de baisses des effectifs et donc in fine d’une hausse du chômage pour l’ensemble de la société. De telles décisions participent donc à la dégradation du service public.

Cette décision du Gouvernement aura un impact considérable sur l’emploi

Depuis l’ouverture du capital d’ADP, ce sont déjà 1 500 postes qui ont été supprimés, réduisant d’autant la taille du groupe, alors que les dividendes versés aux différents actionnaires ont crû de manière exponentielle : 1,8 milliard d’euros en 10 ans. La décision du Gouvernement aura un impact considérable sur l’emploi, sur les investissements aéroportuaires, à l’heure où le doublement du trafic mondial est prévu pour les deux prochaines années, mais aussi sur la définition des différentes redevances.

Même le très libéral président de l’IATA (association du transport aérien international) M. Alexandre de Juniac a récemment expliqué que « pour parler franchement, aucune privatisation d’aéroport ne s’est déroulée de façon satisfaisante (…). À l’inverse les meilleurs aéroports sont tous publics ». Le vice-président de l’IATA M. Rafael Schvartzman ne dit pas autre chose quand il annonce que « les entreprises abusent de leur position dominante en faisant payer le prix fort à leurs clients ». Une nouvelle fois, les usagers paieront le prix fort des politiques de privatisation injuste. Le choix du Gouvernement entre en contradiction complète avec l’esprit même de la constitution de 1946, héritée du programme du Conseil national de la Résistance (CNR), qui stipulait que « tout bien, toute entreprise dont l’exploitation a ou acquiert le caractère d’un service public national ou d’un monopole de fait doit devenir la propriété de la collectivité ».

Cela porte un coup aux possibilités de développement local

Localement, sur les territoires concernés, cette décision portera un coup aux possibilités de développement local, notamment en matière d’emploi. D’après le cabinet BIPE, les aéroports parisiens représentent 1,7 % du PIB national et 2 % de l’emploi en France. Les conséquences de la privatisation pourraient être terribles pour l’ensemble des entreprises présente sur ce bassin d’emploi.

Mme la députée réclame qu’avant toute prise de décision, un état des lieux précis des conséquences économiques, sociales et environnementales de la privatisation d’ADP soit réalisé. Elle lui demande ses intentions sur cette question.

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