Comment la macronie détruit un service déjà dégradé ? Mode d’emploi avec les travailleurs handicapés

Dans la grande famille du service public de l’emploi, voici l’ESAT, un établissement dédié à l’accompagnement et à l’insertion des travailleurs handicapés. J’ai rencontré l’équipe de Villepinte alors que le projet de loi France Travail passe à l’Assemblée.

Près de 360 personnes en situation de handicap y sont accompagnées par une centaine de salariés. Espaces verts, conditionnement de colis, blanchisserie… leur activité sert tout le secteur voisin, depuis les hôtels de Roissy dont ils lavent les draps jusqu’à la mairie de Villepinte pour laquelle ils font des paniers repas. Ils travaillent même pour Jeff de Bruges !

Alors que les travailleurs handicapés sont régulièrement mis à l’écart dans le milieu ordinaire, essuient des discriminations et font face à des cadences trop dures à suivre, l’ESAT apporte un accompagnement précieux.

Pourtant, les difficultés s’accumulent : la liste d’attente est interminable, les travailleurs ne cotisent pas au chômage, leur départ à la retraite sonne la fin de leur accompagnement et souvent aussi de leur hébergement, les délais de traitement de la MDPH dramatiquement longs… Les personnels m’ont aussi raconté comment ils sont essorés par le manque permanent de financements. La moindre demande devient un casse-tête sans fin !

Là où il nous faudrait donc investir, créer un service de transition pour les jeunes retraités (sur le modèle de ce qui existe pour les jeunes travailleurs), prendre soin de ces structures qui accompagnent près de 170.000 personnes handicapées dans tout le pays, le gouvernement fait l’exact inverse. En imposant un nouvel intermédiaire, France Travail, et en imposant une activité professionnelle à des personnes parfois loin d’être en état de travailler en milieu ordinaire, il détruit à bas bruit tout notre système de protection des plus fragiles. Ce sera toujours plus de bureaucratie et de temps perdu, de demandes rejetées et, au bout, de vies fracturées.

Un grand merci à l’équipe et aux travailleurs pour leur accueil et leurs témoignages. Ils nourrissent directement mon action à l’Assemblée pour combattre ce texte cruel et inique.

Clémentine Autain