« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

Tristesse et colère à Sevran

Clémentine Autain

C’est un choc. Je ressens une immense tristesse mêlée de colère.

Hier soir, deux hommes, âgés de 31 et 35 ans, ont perdu la vie dans le quartier Pont Blanc à Sevran. L’un d’entre eux avait un bébé de neuf mois. Ces faits se sont déroulés 48h après la mort d’un homme et de plusieurs blessés graves aux Beaudottes. Même si les enquêtes ne sont pas élucidées, nous savons que le trafic de stupéfiants est la toile de fond de ces meurtres.

Comme vous, et en particulier les habitants des quartiers populaires touchés par cette violence spécifique, je voudrais que tout cela cesse. Que l’on ne meurt pas pour un règlement de comptes. Que la jeunesse puisse se projeter dans un autre avenir que celui du deal. Que la tranquillité soit la norme.

Comment ne pas imaginer la peur ? De perdre l’un des siens. De prendre une balle perdue.
Comment ne pas ressentir l’abandon ? Parce que ce trafic se passe ici, et pas ailleurs, là où les difficultés sociales se concentrent. Parce que le débat sur comment lutter sérieusement contre le trafic de drogue n’est jamais une priorité de l’agenda politique : les coups de communication priment sur la réflexion et l’action pour prendre le problème à la racine. Et parce que nous n’avons pas les services de police à égalité avec les autres territoires.

Je continuerai, comme je l’ai fait dès hier soir à Sevran auprès du Préfet de police, Laurent Nunez, avec lequel nous étions le maire Stéphane Blanchet et moi-même, à exiger un commissariat de police de plein exercice. Car pour une ville de plus de 50.000 habitants, il est insensé que nous n’ayons pas, comme les autres, les prérogatives et les moyens dont nous devrions bénéficier, conformément aux principes républicains.

Je veux ici apporter tout mon soutien à la population et à toutes celles et ceux qui œuvrent pour que nous retrouvions la paix. Enfin, comme je l’ai souvent dit, j’aimerais tellement que l’on parle de Sevran pour autre chose que de tels drames.

Clémentine Autain
Députée de Seine-Saint-Denis

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