« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

3 jours agri-culturels et solidaires dans les Alpes du Sud !

Clémentine Autain

C’est Laurent Eyraud-Chaume, un ami de longue date, comédien et co-directeur de la compagnie du Pas de l’oiseau, figure locale incontournable des Hautes-Alpes, militant de L’Après, qui m’a concocté, avec mes équipes, ce déplacement. Trois journées de rencontres, au milieu des montagnes, tournées vers l’agriculture et la culture.

Premier temps d’échange : dans cette zone frontalière, comment accueillir les migrants alors que l’État restreint et violente les droits, les personnes ? L’énergie des militant·es et salarié·es associatifs qui œuvrent ici, à Terrasse Solidaire, pour l’accueil des exilé·es est admirable. Ce ne sont pas les montagnes qui sont dangereuses mais la surveillance brutale, le manque de places d’hébergement, le non-respect des droits fondamentaux. Dans un contexte idéologique et légal toujours plus dépris d’humanité, il nous faut reprendre la main. La crise est celle de l’accueil… mais aussi celle des moyens pour assurer la dignité de la France dans l’accueil des migrants.

J’ai déjeuné avec Mathieu Antoine, maire de Saint-Véran (plus haute commune d’Europe !), et Alice Prud’homme, conseillère municipale de l’Argentière-la-Bessée. Une discussion riche et vive sur les enjeux spécifiques des communes rurales en montagne, sur l’architecture institutionnelle la plus adaptée et sur un défi essentiel : quel développement territorial voulons-nous face aux défis écologiques ? Assurément à suivre et poursuivre…

Après une conférence de presse, j’ai eu le plaisir de présenter mon esprit public dans la librairie « Au coin des mots passants » à Gap. Joyeux !

Une nuit plus tard, me voici dans la Ferme de Sarriette et Roquette (paysans-épiciers), avec des représentant·es de la Confédération paysanne, de collectifs pour la sécurité sociale de l’alimentation ou mobilisés contre l’agrivoltaïsme. Au menu : spécificités de l’agriculture en montagne, enjeux de l’élevage, relocalisation de l’économie, agressivité d’entreprises privées pour installer des panneaux voltaïques détruisant des terres et des forêts – « des panneaux sur les toits, pas dans les bois »… Encore très nourrissant !

Sur le plan d’eau de Veynes, avec des acteurs·trices de la vie culturelle du territoire, j’ai pu une nouvelle fois mesurer les difficultés particulières des compagnies et artistes en ruralité. À gauche, nous devons remettre les arts et la culture au cœur de notre projet, surtout au moment où ils sont la cible des politiques d’austérité et d’une extrême droite menaçante avec sa haine de tout ce qui permet d’accéder à l’autre, au sensible, à l’esprit critique.

Une bonne heure de dialogue avec le maire de Veynes, Christian Gillardeau, dont je salue la détermination et l’enthousiasme, et avec des élu·es de la municipalité, nous a permis de mettre sur la table de très nombreuses idées pour améliorer le quotidien. Une bataille commune, celle du rail. Une autre, le soutien aux commerces de proximité. Une encore, la défense de l’habitat partagé. Si la formule n’était pas consacrée, je dirais merci pour ce moment !

Après un excellent diner chez La Cocotte Epicée (ma page de publicité), Laurent Eyraud-Chaume a animé un débat « L’esprit public : réinventons la montagne », sur la place centrale de Veynes, devant la mairie qui sonne les heures (très républicain !). L’occasion de découvrir l’excellent travail de Fiona Mille, présidente de Mountain Wilderness France et auteure de « Réinventons la montagne. Alpes 2030 : un autre imaginaire est possible. »

Pour clore ma tournée dans les Alpes du Sud, j’ai eu la chance de faire salle de terrasse comble à la librairie, quasi mythique, Le Bleuet à Banon. Ce lieu est incroyable : une librairie pensée comme un service public, ouverte 7 jours sur 7, dans un immense dédale de livres au cœur d’un village d’un millier d’habitant·es. Magique !


Vraiment, je remercie Laurent Eyraud-Chaume, pour son engagement et son amitié, et tous les militant·es de L’Après qui m’ont chaleureusement accueillie – avec une mention spéciale pour Gérard qui m’a concocté un super repas sans gluten (eh oui, j’y suis intolérante, personne n’est parfait…) en panier-repas pour mon retour dans le train !

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