« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

En Syrie, notre silence est une arme que le régime braque sur le peuple

Clémentine Autain

Ces derniers jours, nous avons entendu une jeune fille syrienne de 4 ans à qui son père avait appris à rire aux bruits des bombes… Tout un symbole. Ce rire nous rappelle qu’en Syrie, la situation humanitaire s’aggrave (!!) à mesure que progressent les forces de Damas. Nos alliés kurdes, poussés par l’inconséquence du retrait américain dans une alliance de circonstance avec le régime de Bachar, n’ont obtenu qu’un sursis aussi instable que douloureux. A Idlib, la population subit quant à elle les bombardements d’un régime engoncé dans l’exercice de la terreur. Au moment où les dernières résistances s’effondrent, la catastrophe humanitaire prend une nouvelle ampleur, alors que près d’un million de déplacés errent désormais sur les routes, en plein hiver.

Depuis des années, et en bénéficiant du soutien indéfectible de Moscou, Bachar al-Assad assassine son peuple. Attaques chimiques, massacres, tortures, viols de masse, exécutions, bombardements visant les hôpitaux, déplacements de millions de civils… Difficile de dire quel crime de guerre Damas n’a pas commis tant la liste des exactions est longue et celle de ses victimes, interminable. Faux prophète de l’anti-terrorisme régional, ressuscité par l’intervention russo-iranienne, Bachar al-Assad achève sa contre-révolution dans le sang.

Dans ces conditions, on ne peut que regretter la faiblesse d’une ONU très vite dépassée par le jeu des puissances, régionales comme l’Iran ou la Turquie, ou mues par un impérialisme délétère comme les Etats-Unis ou la Russie. Si cette dernière est devenue un partenaire obligé des négociations, on peut douter du fait que considérer sa « vitalité culturelle et civilisationnelle […] inspirante », comme nous invite à le faire Emmanuel Macron, soit le meilleur moyen pour la France de faire entendre une voix indépendante dans le conflit. En Syrie, notre silence est une arme que le régime braque sur le peuple.

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