Ce matin, j’ai participé avec mes collègues Mathilde Panot et Manon Aubry à une action sur la zone aéroportuaire de Roissy pour exprimer le refus d’un nouveau Terminal. En effet, je suis profondément convaincue que le trafic aérien doit décroître parce que c’est un transport hyper polluant – 50 fois plus que le train par exemple – et qui concerne un faible nombre d’usagers, parmi les plus riches. Or le T4 a vocation à augmenter significativement le nombre de vols, et donc les émissions de gaz à effet aux répercussions si dangereuses sur le réchauffement climatique comme sur la santé.
C’est aux pouvoirs publics d’organiser la bifurcation pour permettre à la fois de planifier la diminution du trafic aérien, d’en assurer sa démocratisation et de protéger les salariés de ce secteur, en assurant autant que de besoin des reconversions professionnelles. Il faut anticiper.
Opposer l’emploi ou l’impératif de compétitivité aux enjeux environnementaux est une paresse intellectuelle qui vise à entériner l’incapacité politique, comme si nous ne pouvions pas choisir notre modèle de développement. Nous devons et pouvons tenir les différents bouts de la chaîne des défis sociaux et environnementaux en se fixant des objectifs de réduction de la part de l’aérien, en développant les modes de transport moins polluants et assurant une stabilité de revenus et d’emploi aux personnels concernés.
Pour l’heure, le T4 est de fait suspendu puisque la crise sanitaire a ralenti furieusement le trafic aérien, mettant les personnels dans une situation de grande détresse. Les milliards versés par l’État sans contrepartie à ce secteur ne sont pas d’un grand secours pour répondre aux besoins humains et écologiques, pour le dire avec euphémisme dans un moment où les plans de licenciement s’enchaînent. C’est pourquoi nous devons faire grandir la mobilisations politique et citoyenne face aux appétits financiers et aux choix dogmatiques du gouvernement qui refusent d’organiser la bifurcation vers un modèle soutenable d’un point de vue environnemental et juste pour celles et ceux qui travaillent.
En attendant, prenons la mesure de la folie du laisser-faire : en Australie ou Taïwan, des vols partent pour nulle part. Ce n’est pas une blague mais une réalité : les personnes en manque d’avion en raison de la crise sanitaire ont, par exemple, pu s’offrir un billet Sydney-Sydney, pour des prix compris entre 500 et 2.300 euros. Avec le marché, il n’y a pas de limites. C’est à nous de porter le coup d’arrêt.
Clémentine Autain