La prolongation jusqu’en février de l’état d’urgence sanitaire a été adoptée à l’assemblée nationale. Ce vote ne fait pas la Une des journaux pourtant l’enjeu démocratique est de taille. Alors que le Président de la République dispose dans notre République de pouvoirs considérables et que le ministre de la Santé peut, en cas de crise sanitaire, prendre dans notre droit français un grand nombre de mesures de protection et de restriction des libertés pour protéger la population, le gouvernement a désormais un blanc-seing pour décider dans des domaines aussi divers que la vie culturelle, les congés des salariés ou le travail du dimanche. La liste des prérogatives qu’il s’arroge est longue comme le bras.
Le Parlement est totalement muselé. Les instances de médiations telles que le comité scientifique, la CNCDH ou les syndicats, sont mises de côté. Les Français ne sont, d’aucune façon, associés aux décisions. En un mot : le Président de la République et le gouvernement décident seuls des façons de faire face à la crise sanitaire.
Non seulement les décennies d’austérité budgétaire et de mise à sac de l’hôpital public nous ont considérablement affaiblis pour affronter le Covid mais l’incurie du gouvernement à anticiper, organiser, planifier – des masques aux tests en passant par les modalités de confinement – nous enfonce plus encore dans la crise. Avec de telles méthodes, comment convaincre les Français de la légitimé des décisions ? Comment ne pas augmenter les dysfonctionnements et les peurs ? Comment garantir un assentiment général, nécessaire pour faire front commun dans ce moment si critique ?
Clémentine Autain