C’est un immense carnage social en cours dans cette zone aéroportuaire de Roissy où des dizaines de milliers d’emplois ont déjà été supprimés, à commencer par les intérimaires et les CDD, et où près de 30.000 autres sont encore menacés.
Au gouvernement, il n’y a pas de pilote dans l’avion. À la Région, c’est le silence radio de Valérie Pécresse. Des milliards ont été déversés à Air France, sans aucune contrepartie. Pourtant, les salariés de toute une série de filiales sous-traitantes s’apprêtent à être licenciés ou à voir leurs conditions de rémunération et leurs droits rabotés.
Évidemment, la baisse drastique du trafic est une réalité économique. Mais il faut assurer de la justice entre tous les travailleurs de la zone et mettre en œuvre un soutien qui permette à chacune et chacun de trouver une solution digne. Il n’est pas question que des entreprises profitent de la crise sanitaire comme effet d’aubaine pour préserver les profits au détriment de l’emploi.
Par ailleurs, on pourrait imaginer un système de retraite anticipée pour tous ces manutentionnaires, tous ces personnels aux emplois à forte pénibilité, un départ à la retraite à taux plein, ce qui permettrait à de plus jeunes actifs de garder leur emploi. En tout état de cause, le silence et le laisser faire sont inacceptables devant une telle situation, tragique pour tous ces hommes et ces femmes qui ont, pour beaucoup, donné leur vie pour faire vivre cet aéroport. L’État doit également anticiper les reconversions, surtout si l’on songe au défi écologiste.
La mobilisation des salariés et le soutien politique des élus et des forces de gauche sont la clé pour obliger le gouvernement à sortir de ces recettes néolibérales et austères. Il faut d’ailleurs attirer son attention sur l’impact dramatique de ce tsunami de licenciements sur la vie dans les banlieues alentours. Je tire la sonnette d’alarme.
Clémentine Autain