J’y ai rencontré le maire, Jacques Técher, qui fait un travail admirable pour tenter de sauvegarder les services publics et développer son territoire. Dans cette ville géographiquement enclavée, où 75% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, le maintien d’espaces publics répondant aux besoins essentiels est une clé du dynamisme de la ville et du bien-être de sa population.
Si la mobilisation de la municipalité a réussi à sauver l’hôpital, la maternité a cessé son activité en 1995. Pour les femmes sur le point d’accoucher, il faut faire 1h30 de voiture pour se rendre à la maternité la plus proche, via la « route aux 400 virages ». Quant au démantèlement de l’Office national des forêts (qui est passé ici de 350 ouvriers à seulement 4 en moins de 30 ans !), il laisse craindre le pire alors que le territoire accueille 80% de la biodiversité réunionnaise et reçoit jusqu’à 700.000 touristes par an.
Dans cette ville comme partout, l’Etat se défausse sur les collectivités sans adjoindre les moyens nécessaires permettant de se substituer à lui. C’est ce modèle de « développement » qu’il faut enrayer sans tarder. Il nous mène, à La Réunion comme en métropole, droit dans le mur.
Clémentine Autain