« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

Face à l’extrême droite, quelle stratégie populaire ?

Clémentine Autain

En cette rentrée politique de la Nupes, des débats stratégiques prenant souvent la forme de polémiques nous traversent. Encore faut-il les démêler… Et ne pas se laisser enfermer dans le cadre binaire qui semble nous être proposé, comme s’il fallait choisir entre le travail et la paresse, la France des banlieues et celle des ronds-points, le barbecue et l’égalité hommes/femmes.

Ce dont il est question au fond, c’est de notre orientation. Comment empêcher l’extrême droite de prospérer, notamment dans les catégories populaires ? Comment agréger de nouveaux pans de la société pour construire des majorités émancipatrices ? Nous ne sommes pas sans billes pour dégager des réponses qui fédèrent, non seulement entre nous mais surtout dans le pays. Nous ne partons pas de rien, tant s’en faut puisque la gauche promise à disparition il y a un an a relevé la tête à la présidentielle avec l’Union populaire et doublé le nombre de ses députés de gauche à l’Assemblée grâce à la Nupes. Mais, pour « faire mieux », la discussion est nécessaire.

Ma conviction, c’est qu’il faut reprendre langue avec le monde populaire des zones périurbaines, mais pas au prix d’un discours de droite. Et qu’il faut parler davantage du travail, mais pas avec de vieux discours, ni dans l’espoir de contourner le racisme de l’extrême droite. Je sais que la vie politique et médiatique d’aujourd’hui cherche à rentrer dans 280 signes mais nous avons besoin d’un peu plus de subtilité et de complexité pour dialoguer et avancer, ensemble.

À la (re)conquête des zones péri-urbaines : l’égalité entre les territoires

Après la trêve estivale, le débat s’est ouvert avec l’interpellation de François Ruffin sur notre déficit dans les zones périurbaines. Mon camarade de la Somme a le mérite de soulever une juste question, même si d’autres ont aussi leur importance, comme notre capacité à convaincre davantage chez les plus de 65 ans (1). Oui, nous avons un retard dans les territoires des gilets jaunes, des ronds-points, des bourgs. Si l’on regarde les résultats de la présidentielle à l’aune de la taille des villes, le constat est éclairant : Marine Le Pen est largement distancée dans les territoires de plus de 50.000 habitants par E. Macron et J.L. Mélenchon mais elle domine nettement dans les villes de moins de 3.500 habitants. Autrement dit, notre gauche est sur-représentée dans les espaces métropolitains quand l’extrême droite l’est dans les mêmes proportions à l’intérieur des petites communes (2). Bien sûr, il ne faut pas négliger nos percées aux législatives : que nous ayons obtenu de nouveaux députés en Haute-Vienne ou dans la Creuse, le Puy-de-Dôme ou les campagnes de l’Ille-et-Vilaine, dit notre potentiel. Si nous devons nous appuyer sur ces réussites, soyons lucides : nous avons un enjeu à percer dans les petites villes et zones rurales. Reste à savoir comment…

S’il faut embrasser plus large, nous devons veiller à ne pas construire ou a minima nourrir une césure dans un récit sur la gauche des villes et banlieues versus la France des gilets jaunes, des bourgs, des ronds-points. Comme si les problématiques y étaient si profondément différentes. Comme s’il n’y avait pas, de part et d’autre, des injustices semblables, des riches et des pauvres, de la domination masculine, du racisme… Et un problème vital commun : l’environnement avec le réchauffement climatique, la malbouffe, les pollutions. Je ne suis d’ailleurs pas convaincue par l’expression « la France des… » car elle semble diviser la France en morceaux, entérinant l’idée de plusieurs France quand l’enjeu est de refaire France, c’est-à-dire de recréer du sens et de la perspective commune pour notre République. La boussole de la gauche depuis toujours est l’unité, par-delà leur diversité, des classes populaires quand celle de la droite est de les diviser et d’en intégrer un morceau à la bourgeoisie.

Ne pas entériner voire renforcer l’opposition ne signifie pas nier des réalités territoriales différentes. À l’heure de la métropolisation, notre projet et notre imaginaire doivent prendre en considération cette donnée. Le capital a sa géographie. Or la gauche a pensé et est identifiée à l’égalité sociale, celle des droits entre les individus. Nous devons désormais porter avec force l’égalité entre les territoires comme l’une des dimensions indispensables de l’émancipation humaine.

Prenons l’exemple éclairant des services publics. En schématisant, disons que d’un côté, nous souffrons d’une détérioration du service, de l’autre de sa disparition. Se plaindre d’une prise en charge moins performante dans une maternité n’est pas tout à fait la même chose que de ne pas avoir de maternité à moins d’une heure de trajet. En l’occurrence, des études ont montré l’impact de l’éloignement des structures en raison des fermetures sur la santé périnatale – morbidité maternelle, mortalité néonatale, naissances mort-nées. De la même manière, subir des classes surchargées ou le manque de chauffage dans sa fac n’est pas exactement la même chose que de n’avoir aucune université dans son bassin de vie. Plus généralement, quand des gares, des bureaux de poste, des centres administratifs, etc., ferment en chaîne au nom d’une logique comptable, non seulement le sentiment d’abandon explose mais les possibilités d’une vie libre, à égalité avec les autres citoyen.nes, s’éloignent. Il n’y a pas de différence de nature dans ce que nous avons à porter, soit davantage de services publics là où le néolibéralisme les détruit. En revanche, il y a bien une façon de restituer les difficultés qui doit prendre en considération des réalités qui ne sont pas tout à fait les mêmes. Et il y a également une facette de notre projet à mettre en avant : le choix d’un développement territorial qui permette à toutes et tous de bénéficier de ce que la ville apporte comme services, comme accès à la modernité, comme espaces de rencontres et de liberté. Nous devons apparaître plus clairement comme ceux qui allons combler ces inégalités territoriales inadmissibles en République et par ailleurs pure folie écologique.

La métropolisation, c’est aussi ce phénomène qui concentre les emplois dans des zones sur-densifiées quand d’autres se trouvent en partie désertifiées, notamment par la fermeture d’industries et de services publics, et en partie reconfigurées, avec l’arrivée de nouveaux emplois souvent pénibles, flexibles, mal rémunérés. Nous savons que la désindustrialisation et la peur du déclassement constituent des sources majeures du ressentiment dans les territoires périphériques qui se paupérisent, subissent le sur-chômage et la précarité. La relocalisation de l’économie est l’une des réponses pour revivifier des pans entiers de notre pays. Elle fait partie de nos solutions concrètes pour revitaliser tant de petites villes qui dépérissent. Nous nous opposons à la course à la compétitivité entre mégalopoles qui conduit à un développement des territoires totalement invivable pour tous. Ce modèle est une folie. Nous devons être perçus comme ceux qui avons un plan pour organiser dans le temps un rééquilibrage territorial fondé sur une autre dynamique de développement, tournée non plus vers les logiques du capital mais vers la satisfaction des besoins de la population et la soutenabilité environnementale. La mutation écologique indispensable est l’occasion de créer des emplois utiles qui vont redynamiser des territoires aujourd’hui oubliés, malmenés.

Le travail, les allocs, la paresse : même combat !

Disputer à l’extrême droite la confiance du monde populaire ne peut se faire que sur la base de notre propre cohérence idéologique. C’est là où les propos de Fabien Roussel contre la prétendue « gauche des allocs » ne peuvent conduire qu’à la déroute. Au sein de la Nupes, un concert de voix s’est d’ailleurs élevé contre l’opposition ainsi opérée par le secrétaire national du PCF entre ceux qui ont un emploi, d’une part, et les chômeurs ou bénéficiaires du RSA, d’autre part. Et pour cause : les allocataires de Pôle emploi sont parmi les premières victimes d’une société capitaliste qui précarise des pans entiers de la population. À gauche, au moment où la macronie s’apprête à abaisser encore leurs droits, comment ne pas défendre notre système de sécurité sociale qui permet à ceux qui ont cotisé de toucher un revenu en cas de perte d’emploi ? Comme le prévoit le programme défendu par la Nupes aux législatives, nous voulons même accroître ces droits. Nous avons conscience que la baisse des revenus de ces allocations constitue une aubaine pour obliger un nombre toujours plus grand à accepter des emplois payés toujours plus bas. L’opposition entre l’emploi et les allocations est d’autant plus absurde qu’aujourd’hui, il n’y a pas de séparation claire entre le monde du travail et celui des prestations sociales, comme l’a rappelé le sociologue Nicolas Duvoux (3). La porosité entre les deux est de plus en plus grande. Dans le cadre d’une nouvelle répartition des richesses, l’augmentation des salaires et le renforcement de notre protection sociale vont de pair. Il s’agit donc d’établir clairement la cible : nous visons celles et ceux qui accumulent des revenus et des patrimoines effarants, injustes socialement, et nous refusons la guerre des pauvres contre les pauvres.

Penser que nous pourrions reconquérir un électorat populaire séduit par l’extrême droite en reprenant, fut-ce partiellement, ses refrains, ses thématiques, ses obsessions est une idée aussi inopérante que dangereuse. Je me souviens de ceux qui, dès les années 1980, à gauche, disaient que le FN posait de bonnes questions mais apportait de mauvaises réponses. Le doigt mis dans l’engrenage nous a envoyé dans le mur. Non, il n’est pas vrai que Marine Le Pen « vise juste » quand elle reprend le refrain contre les assistés : elle participe à façonner les esprits à son idée, que nous combattons. Les chômeurs, même s’ils sont « sans-emplois », sont pleinement partie prenante de la relation sociale qu’est le salariat. Ils y exercent une fonction précise. C’est pourquoi par ailleurs la notion « d’assistanat », une notion de droite reprise aujourd’hui par certains à gauche, n’a strictement aucun sens. Elle suppose que massivement, les chômeurs feraient le choix de ne pas travailler. Au contraire : ils sont assignés à ce statut par le capital. Les notions « d’assistanat » ou de « profiteurs » ont une histoire qu’il s’agit de rappeler. C’est Margaret Thatcher et Ronald Reagan qui, dans les premiers temps de la révolution néolibérale, les mettent en circulation. On peut avoir l’impression de se faire le porte-voix des aspirations profondes du peuple mais s’être en réalité fait piéger par les catégories du néolibéralisme.

En Seine-Saint-Denis, j’entends moi aussi le discours qui consiste à s’en prendre à « ceux qui vivent des allocs », aux « assistés ». À chaque fois, je me dis que les droites ont réussi leur pari : opposer les catégories populaires entre elles. Quand on gagne si peu en travaillant dur et que l’on n’en veut pas aux hyper-riches et aux politiques injustes mais à son voisin de palier qui n’a pas d’emploi et vit avec encore moins, c’est que nous avons perdu une manche. La solution n’est pas de donner du crédit à cette mise en cause, d’abonder dans ce sens, de faire caisse de résonnance à ce discours provenant d’une droitisation de la pensée. À ce compte-là, allons-nous demain « écouter » les propos racistes (qui ne sont pas l’apanage des campagnes, ni des milieux populaires !) pour ajuster notre propre discours ? La haine des « assistés » et des « étrangers » sont deux ressorts majeurs d’une extrême droite qui fait pousser ses idées avec l’engrais du ressentiment. Donner de l’eau à ce moulin m’apparaît comme une faute morale et politique.

Est-ce à dire qu’il faut abandonner le travail ? Sûrement pas ! Je crois même indispensable de lui donner une place plus grande dans notre discours, de le réinvestir pleinement. Dans toutes ses dimensions contemporaines. Le balancier sur le travail, entre émancipation et aliénation, est aussi vieux que la gauche. Et je ne suis pas de celles qui voudraient lui substituer la paresse, même si nous devrions toutes et tous y avoir droit. Je rappelle d’ailleurs que le droit à la paresse revendiquée par Paul Lafargue signifiait le droit au repos. Quand Sandrine Rousseau l’invoque pour répliquer à Fabien Roussel, il ne faudrait pas en tirer comme conclusion que les allocataires sont en quête de paresse….

Oui, parlons travail, mais autrement que la droite ! En réalité, il nous faut défendre la valeur du travail, la fin du travail-marchandise et l’émancipation des travailleurs, qui passe aussi par le temps hors emploi. Ce que nous voulons, c’est un emploi de qualité pour chacune et chacun, et donc en finir avec les « bullshit job ». La transition écologique et les besoins en matière de liens et de soins sont l’occasion de développer des emplois qui font sens et qui donnent de la satisfaction par leur utilité, à condition qu’ils puissent être réalisés avec des moyens décents bien sûr. Ce que nous voulons, c’est que les gens puissent vivre dignement de leur travail, et donc prendre sur les revenus du capital pour augmenter les salaires et combattre toutes les formes de précarisation du travail. Ce que nous voulons, c’est partager le temps de travail, parce que le temps libéré est facteur d’émancipation et que la productivité au travail augmentant, nous pouvons le partager afin que tout le monde contribue à l’édification commune. Ce que nous voulons, ce sont des droits sociaux qui garantissent une sécurité tout au long de la vie.

Il ne faut pas sous-estimer la souffrance vécue par la grande masse des chômeurs qui se trouvent non seulement avec des revenus au rabais mais aussi face à un discours culpabilisant, alors même que la société n’est pas capable de leur offrir un emploi – je rappelle que seulement 1 emploi est disponible pour 13 voire 15 chômeurs ! Depuis l’offensive de Laurent Wauquiez et consort sur le « cancer de l’assistanat », nous savons que les chômeurs doivent subir cette infamie : être suspectés de fainéantise alors que l’écrasante majorité ne demande qu’une chose, pouvoir travailler, et sans être contraints d’accepter n’importe quel boulot, à n’importe quelles conditions. C’est à nous de rappeler sans cesse que les vrais assistés sont ceux qui engrangent des dividendes sans rien produire par eux-mêmes, ce sont les hyper-riches assistés par leur personnel de maison comme par les aides de l’État.

Il ne faut pas non plus sous-estimer le nombre de personnes qui souffrent dans l’emploi. Dire que la réalisation de soi passe par le travail est une semi-vérité. En partie oui, en partie non, et heureusement. Il y a dix ans, 40% des Français jugeaient le travail comme « très important ». Aujourd’hui, ils sont 24%. Que le travail ait perdu de son sens et de son utilité n’y est pas pour rien. Mais ce n’est pas le seul facteur et l’on peut trouver bon signe que de plus en plus de citoyens aspirent à se réaliser aussi en dehors du travail, dans les relations amoureuses ou amicales, dans la vie associative, syndicale ou politique, dans des activités aussi diverses que la cuisine, le théâtre ou la pêche, dans le plaisir d’aider ses voisins, de bricoler ou de jardiner. Une paresse active en somme, un droit au repos !

Le racisme du RN n’est pas contingent : il faut l’affronter

C’est une conviction ou une lapalissade, vous choisirez, mais on ne reconquiert pas l’électorat perdu, on ne convainc pas les abstentionnistes, avec les discours de l’adversaire. On ne reprend pas son antienne sur « la gauche a abandonné le peuple », sauf à considérer que le peuple des banlieues populaires n’est pas le peuple. On ne s’approprie pas ses concepts, ses formules, ses obsessions, impunément. Et on ne combat pas l’extrême droite en faisant l’impasse sur son racisme, son imaginaire de repli identitaire, son ordre des sexes et des sexualités. Il faut l’affronter.

Or je vois se raviver un débat qui avait notamment fait rage avec la sortie du fameux rapport de Terra Nova. En 2012, cette note avait mis le feu en poudre en proposant, en gros, de substituer aux ouvriers les enfants d’immigrés et les femmes comme cœurs de cible pour constituer une majorité de gauche. À l’époque, j’avais contesté cette dichotomie. Je persiste et signe. Aujourd’hui à nouveau, nous serions sommés de choisir entre la défense du monde populaire et celle des « minorités ». Comment s’y résoudre ? Choisir la défense des ouvriers ou celle des femmes et des populations racisées, ce serait mépriser le sens de nos combats qui vise à s’attaquer à toutes les formes d’oppression. Ce serait nier le croisement des problématiques classe/race/genre rencontrées concrètement dans le monde populaire, partout. Ce serait figer une représentation de deux faces étanches des classes populaires au lieu de chercher à les fédérer.

Qu’est-ce qui ne va pas dans ce que nous racontons aujourd’hui et qui mettrait à distance les ouvriers et employés des zones périurbaines ? J’entends souvent citée la phrase de Jean-Luc Mélenchon « La police tue ». Mais ce qui est visé, est-ce la formule à laquelle on peut préférer « des policiers tuent » ou est-ce le fait de dénoncer les violences policières, qui ont pourtant aussi touché de plein fouet les gilets jaunes ? De la même manière, faut-il cesser de prendre la défense des musulmans attaqués par le projet raciste de l’extrême droite, stigmatisation relayée par la pensée dominante, comme si on allait contrarier avec ce combat la France des bourgs ? Faut-il mettre en sourdine notre discours féministe qui, je le rappelle, est aujourd’hui revendiqué par une majorité de Français, comme si les populations vivant en zone rurale ne s’intéressaient pas au sujet, comme s’ils étaient forcément d’arrière-garde ? Je crois justes les combats que nous menons sur ces différents terrains.

Ne pas en rabattre sur le fond de l’ensemble de nos combats émancipateurs peut se conjuguer avec une attention plus grande à porter sur les enjeux liés au travail, aux services publics, aux inégalités territoriales. Nous avons réussi à charrier un imaginaire qui permet aux populations de banlieues populaires et de centre-ville de s’y retrouver. Nous devons bouger notre récit pour qu’il embarque de nouveaux pans de la société, et notamment un public de zones périurbaines, mais aussi pour qu’il parle davantage aux plus de 60 ans.

Progresser par la contagion, viser l’abstention

Pour ce faire, il faut prendre à bras-le-corps un autre défi, qui recoupe d’ailleurs celui que l’on perçoit géographiquement : l’abstention. Nous le savons, d’élections en élections, les records en la matière sont battus. L’inversion du calendrier électoral y contribue mais c’est, plus profondément, le désintérêt, la colère, le dégoût à l’égard de la politique institutionnelle qui s’est installée. Pendant plusieurs décennies, d’alternances en alternances qui ne changent rien, de plus en plus de citoyen.nes ont basculé dans l’abstention. Cette désertion des urnes est un poison pour la démocratie et une épine dans notre pied. Il me semble que notre première marge de progression est là.

Les abstentionnistes ne forment pas un tout homogène. Ce n’est donc pas un « 4e bloc » comme je l’entends parfois – si tant est que l’on puisse d’ailleurs considérer les trois pôles macronistes/RN/Nupes comme des blocs… En revanche, nous savons qu’après Macron, la victoire sera pour celui des trois pôles qui arrivera le mieux à mobiliser les citoyen.nes aujourd’hui à distance du vote, en un mot son électorat. C’est donc d’abord par un phénomène de contagion que nous pouvons convaincre et grandir. Nombre des territoires où nous avons réalisé d’impressionnants scores sont parmi les plus abstentionnistes, dans les Outre-Mer, en Seine-Saint-Denis et ailleurs. Chez les jeunes, l’abstention bat toutes les catégories d’âge, atteignant 70% chez les 18-24 ans ! Nous n’en avons pas fini avec les publics que nous avons le plus réussi à convaincre. C’est pourquoi nous devons embrasser plus large sans retrancher, et la diversité des profils de la Nupes est un atout pour y parvenir.

Le débat ne doit pas nous faire peur, il est indispensable. À la condition de chérir le commun, de ne pas figer les désaccords et d’éviter de le mener à coups de buzz clivants pour exister. C’est une illusion de penser que nous allons retrouver un monde du travail unifié comme la classe ouvrière d’antan. Car ce monde a changé, s’est féminisé, créolisé. Il faut assumer que nous voulons former un bloc social uni dans sa diversité face au néolibéralisme, au productivisme, au sexisme et au racisme. Notre responsabilité est immense. L’Italie ou la Suède sont malheureusement là pour nous le rappeler. J’ai la ferme conviction que nous avons ouvert en France un chemin d’espérance.

Clémentine Autain


  1. Depuis 1981, le vote des plus de 65 à gauche a subi une chute vertigineuse, passant de 40 à 15 %.
  2. http://www.regards.fr/actu/article/presidentielle-le-vote-le-territoire-et-la-classe-sociale
  3. https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/09/14/contrairement-a-ce-qu-affirme-fabien-roussel-il-n-y-a-plus-de-separation-claire-entre-le-monde-du-travail-et-celui-des-prestations-sociales_6141624_3232.html#xtor=AL-32280270-%5Bdefault%5D-%5Bandroid%5D

Menu