« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

« France Travail » : auprès des missions locales

Clémentine Autain

Le projet de loi « France Travail » arrive en discussion en séance à l’Assemblée nationale. Il n’intéresse visiblement pas les médias alors qu’il s’attaque aux allocataires du RSA et au service public de l’emploi. Un sinistre combo.

Étant désormais membre de la commission des affaires sociales (après six ans passés dans celle des affaires étrangères), celle qui étudie ce texte de loi, je suis allée voir la mission locale de Sevran, Tremblay et Villepinte. Ou comment prendre la température du désastre social programmé par le gouvernement…

« Mise au pas, désengagement de l’État, bureaucratie accrue »

Ces structures associatives ont l’immense avantage de pouvoir s’adapter aux jeunes et à leurs territoires, dans un maillage fin dans tout le pays. En fusionnant tous les services de l’emploi dans « France Travail » incluant les missions locales, le gouvernement va saccager 40 ans d’expertise au service des jeunes. C’est tout le sens de leur accompagnement vers la formation, le logement, parfois le simple accès aux droits, qui va partir en fumée. Perte d’autonomie, mise au pas, désengagement de l’État, bureaucratie accrue… En échangeant avec les salarié.e.s, j’ai pu constater leurs inquiétudes sur l’avenir de leur travail, sa pérennité et son sens.

Il faut mesurer l’étendue de la casse. Alors que le gouvernement va forcer des millions de jeunes et de bénéficiaires du RSA à s’inscrire à Pôle Emploi et donc encombrer des agences déjà surchargées, la loi ne prévoit aucun financement supplémentaire. Le gouvernement promet de mettre de l’argent sur la table mais rien n’est gravé dans le marbre et les sommes en circulation sont largement insuffisantes. C’est donc un cataclysme qui s’annonce en matière d’accompagnement alors que Pôle Emploi est déjà le service public le plus mal noté par ses usagers.

« Mettre en pièces tout un service public de l’emploi »

Le projet « France Travail » ne va pas seulement être d’une violence infinie pour tous les bénéficiaires d’allocations qui seront contraints de signer un « contrat d’engagement », soit une rupture avec la logique de la prestation sociale qu’est le RSA, un minimum pour vivre (en-dessous du seuil de pauvreté) qui devrait être inconditionnel, revalorisé…. Et ouvert aux moins de 25 ans ! Il va mettre en pièces tout un service public de l’emploi déjà fragilisé par l’arrivée de tous ceux qui ne pourront pas être à la retraite en raison de l’allongement de l’âge de départ et se retrouveront sans emploi. Cette perspective est désastreuse et avec la Nupes, nous combattrons de toutes nos forces ce texte à l’Assemblée nationale.

Un immense merci à l’équipe de la Mission Locale pour ses explications, ses témoignages et son accueil chaleureux.

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