« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

Hommage aux fusillés du réseau Manouchian

Clémentine Autain

Ce matin, allée Manouchian à Sevran, j’ai rendu hommage avec Gilles Boitte aux vingt-deux des vingt-trois francs-tireurs et partisans immigrés fusillés par les nazis le 21 février 1944. La seule femme du groupe, Olga Bancic, fut décapitée le 10 mai.

Dirigé par le poète rescapé du génocide arménien, Missak Manouchian, ce réseau communiste de résistants espagnols, italiens, arméniens et juifs d’Europe centrale et de l’Est organisait courageusement des sabotages contre l’occupant. Arrêtés en novembre 1943, ils furent l’objet d’une terrifiante campagne de propagande allemande. Sur une quinzaine de milliers d’affiche placardée en France, on pouvait lire : « Des libérateurs ? La libération ! Par l’armée du crime ». « L’affiche rouge » suscita un élan de soutien dans la population. Des anonymes déposèrent des fleurs et des banderoles sur lesquelles était inscrit « Des martyrs » ou « Morts pour la France ».

Si l’on songe à ce qu’est la France, par son histoire, sa grandeur, son apport au mouvement émancipateur, on se dit que les membres du réseau Manouchian furent plus français que certains Français de l’époque. Leur rendre hommage, c’est se rappeler que des personnes étrangères sur notre territoire se sont battues pour la France et pour la liberté. En cette période si sombre où le rejet des immigrés est brandi par une extrême droite menaçante qui se sent pousser des ailes, il me paraît essentiel de ne rien oublier de cette histoire.


Clémentine Autain

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