Question écrite adressée à M. Véran, ministre de la santé :
Depuis plus de deux mois, les personnels soignants sont au front. Ils et elles travaillent nuits et jours, semaines et weekend, sans relâche et parfois sans possibilité de voir leurs familles. Cette situation a cela de dramatique qu’elle n’est qu’empirée par l’épidémie de Covid-19, puisqu’elle lui est bien antérieure.
Depuis plus d’un an, le Collectif inter-urgence alerte le gouvernement sur la situation dramatique des hôpitaux. Des dizaines de manifestations ont d’ailleurs donné lieu à des violences de la part de force de l’ordre, difficilement qualifiables à l’aune de la situation actuelle du pays.
Le 16 avril dernier, le Premier ministre, à l’issue du Conseil des ministres, a annoncé des mesures financières « exceptionnelles » en faveur des soignants, chiffrées à hauteur d’1,3 milliard d’euros. En effet, les personnels hospitaliers directement touchés par la crise percevront une prime de 1 500 euros net pour le mois de mai. Cette prime est une insulte au combat mené par les personnels soignants sur l’ensemble du territoire.
Nonobstant le fait que cette prime se limite au mois de mai, elle ne concernera en réalité que les département les plus touchés. Les autres soignants se contenteront de 500 euros, en fonction des territoires. Toutes les mesures prises dans ce plan ne concernent que la gestion courtermiste de cette épidémie, en témoignent la majoration de 50% des heures supplémentaires pour une durée déterminée.
C’est à croire que cette situation est exceptionnelle. Elle ne l’est tristement pas. En temps normal, les personnels soignants et particulièrement des hôpitaux nous alertent sur le manque de moyens. Manque de lits, de médicaments, de temps et bien entendu de personnels. Les soignants ont un temps de travail largement supérieur à la légalité, pour des salaires de base très insuffisants. Des postes ont été ouverts ? Mais il n’y a plus de candidats. Quels soignants voudraient encore postuler pour des salaires si faibles et des conditions de travail si indignes d’une sixième puissance économique mondiale ?
Ces primes, si elles sont bonnes à prendre tant la situation économique s’annonce rude pour tous les Français, sont très loin d’être à la hauteur des attentes. Les soignants sont épuisés, éreintés d’exercer une profession du rentable et de l’économie de marché, si loin du métier de soin de l’autre pour lequel ils et elles s’étaient engagés.
La députée demande au ministre de prendre des mesures tout simplement décentes, à la hauteur des besoins exprimés par les soignants depuis de nombreux mois. Avec la crise sanitaire du Covid-19, ils ont encore une fois démontré l’essentialité de leur métier. Il est urgent que leurs salaires soient à la hauteur de la valeur sociale que les Français leur témoignent.