Dépression, troubles du sommeil, anxiété, dégradation du moral, envie de se suicider… ces symptômes touchent de plus en plus de Français en cette période de confinement, de dépression économique, de crise sanitaire, de peur pour l’avenir. Ils viennent frapper des personnes souvent déjà fragiles, précaires, jeunes ou moins jeunes, isolés. Chacun, chacune ne peut être renvoyé à son drame personnel, à sa sphère intime. C’est un enjeu de société, une question politique.
Avec la crise sanitaire, le gouvernement a cherché à sauver des corps vivants et des homo economicus. A-t-on oublié le sens de la vie, ce qui en fait son sel, sa saveur, sa raison d’être ? Se sentir relié, pouvoir se projeter dans l‘avenir, avoir accès au plaisir, à l’échange et aux arts qui nous permettent de ressentir des émotions, c’est essentiel pour avoir le goût de la vie.
Nous savons que les prises en charge psychologique, psychiatrique et/ou médicale permettent de sortir de la dépression, de revivre, de sauver des vies là où l’isolement et le laisser-faire démultiplient les drames humains. La prévention et l’accompagnement sont décisifs. Il faut donc informer, assurer un suivi régulier et personnalisé des patients. Cela réclame des soignants, des infrastructures, un budget à la hauteur de cette catastrophe sanitaire qui s’annonce. Or aujourd’hui, les professionnels sont débordés. Souvent sous-rémunérés, avec des statuts précaires et des conditions de travail extrêmement tendues, il sont en outre en nombre notoirement insuffisant (voir ici mon interpellation de M. Véran après avoir rencontré des psychologues de l’hôpital Robert Ballanger au sortir du premier confinement.
Les professionnels de la psychiatrie multiplient leurs alertes sur les séquelles psychiques engendrées par les vagues de confinement et la crise économique, mais on peine à comprendre la stratégie du gouvernement. L’État répond par la mise en place d’un numéro vert. Qui peut croire un instant qu’une ligne téléphonique peut suffire à régler une situation dont tous les signaux sont au rouge ?
Nous sommes devant une bombe sanitaire à retardement qui réclame une action résolue de la part du gouvernement. Je suis très inquiète, d’autant que le sujet a été remis par le Premier Ministre dans les mains de M. Attal, porte-parole du gouvernement, et non dans celles de M. Véran, Ministre chargé de la santé. La psychiatrie, déjà parent pauvre de la médecine française, doit aujourd’hui être une priorité du gouvernement. Tous les rouages des aides psychologiques doivent être soutenus et renforcés, urgemment. J’alerte le gouvernement :
Clémentine Autain alerte M. Véran, Ministre de la santé et des solidarités :
Alors que le premier épisode de confinement a d’ores et déjà charrié son lot de pathologies corrélées à ce brusque changement de rythme de vie, Mme Autain s’inquiète particulièrement concernant les conséquences du second confinement sur la santé mentale des Françaises et Français. D’après un rapport de Santé Publique France, ce sont désormais deux Français sur dix qui sont touchées par des troubles psychologiques, soit deux fois plus que la normale. A l’inverse du premier confinement qui était vécu comme provisoire et dicté par l’urgence de la situation, ce second épisode s’inscrit dans le cadre d’une crise sanitaire non maîtrisée qui ne laisse entrevoir que peu de perspectives et de solutions pour la vaincre.
A cette incertitude se conjugue la persistance d’un climat délétère dans notre pays, tant du fait de la série d’attentats que nous avons connu que du fait de l’incurie de nombre de responsables politiques trop occupés à diviser le pays pour mieux se défausser de leurs responsabilités.
Ainsi de nombreux Français estiment souffrir ces derniers temps de troubles allant d’une légère perturbation du sommeil à d’importants troubles dépressifs, en passant par des épisodes d’angoisse chronique. Ces maux touchent bien entendu les franges de la population les plus fragilisées : les personnes à faible niveau de revenu, les jeunes entre 25 et 34 ans, les seniors…
Face à cette troisième vague psychiatrique qui surviendra immanquablement, la décision du Premier Ministre de charger M. Attal, porte-parole du gouvernement de proposer des solutions à ce sujet en lieu et place du ministre de la santé et des solidarités est des plus incompréhensibles. Elle a cependant le mérite de montrer, encore une fois, le profond écart entre le discours du gouvernement qui assure avoir pris conscience de la situation et la légèreté des actes politiques pris en conséquence. Au surplus, pas un mot n’a été prononcé à ce sujet par le Président de la République lors de son allocution.
La psychiatrie fait office de parent pauvre de la médecine française et son rôle dans la gestion des conséquences de la politique sanitaire erratique du gouvernement sera primordiale. Mme la députée demande donc à M. le ministre de la santé et des solidarités quelles mesures celui ci compte-t-il mettre en place afin de pallier l’important besoin de prise en charge en terme de santé mentale dans les mois qui viendront. Face à l’urgence de la situation, Mme Autain invite le gouvernement et à prendre conscience de l’importance de ce sujet et à en faire une priorité nationale lors des mois qui suivront le scénario de déconfinement.