« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

Municipales : réaction aux résultats à Villepinte

Clémentine Autain

Les résultats des élections municipales à Villepinte n’ont pas permis le changement. C’est pour moi une grande déception. Cette ville avait besoin de changer d’ère. Martine Valleton, maire sortante LR, a été réélue. Elle n’obtient pas de plébiscite, contrairement à François Asensi réélu haut la main au premier tour à Tremblay-en-France ou Stéphane Blanchet, élu maire dimanche dernier avec plus de 50% des voix. Ma conviction est que les Villepintoises et Villepintois ne sont pas majoritairement satisfaits de l’équipe municipale en place mais les autres listes n’ont pas reussi à dessiner un chemin alternatif suffisamment clair et porteur.

Au premier tour, j’ai soutenu la liste emmenée par Gérard Kouassi. Elle alliait dynamique citoyenne et union de forces politiques, telles que la France Insoumise, EELV, le PCF et Génération.s. Je comptais sur cette liste de nombreux amis. Au soir du premier tour, le paysage politique semblait prometteur pour une alternative à Villepinte. J’ai bien sûr regretté que notre liste « Villepinte écologique et citoyenne » n’ait recueilli que 11% des voix. Pour autant, les candidatures qui avaient défendu un élan citoyen sur des valeurs émancipatrices, avec Mélissa Youssouf, ou une alternative se revendiquant de gauche, avec Nelly Rolland, ont recueilli d’importants suffrages, respectivement 16,59% et 24,91%. L’espoir était donc permis de voir Villepinte basculer. Pour de bonnes et de mauvaises raisons, notamment liées à l’histoire des rapports entre les uns, les unes et les autres, aucun accord n’a pu être trouvé entre les trois listes qui totalisaient pourtant 52% des voix.

N’ayant été invitée à aucune réunion pour imaginer la configuration du deuxième tour, j’ai été informée qu’un accord avait été trouvé entre les listes de Gérard Kouassi et Mélissa Youssouf dans le cadre d’une alliance plus large, avec Daniel Laurent, ancien premier adjoint de Martine Valleton ayant recueilli 8,6% des voix, et Fabrice Scagni, candidat de LREM ayant obtenu 5,63% des suffrages. Mélissa Youssouf, dont j’apprécie les valeurs et avec laquelle je partage de nombreux combats, a pris la tête de cette unité dans le cadre d’une triangulaire au deuxième tour, avec la détermination et l’énergie que je lui connais, dans l’espoir de battre la municipalité en place pour ouvrir une nouvelle ère pour Villepinte. Alors que de nombreux camarades avec lesquels je milite depuis longtemps ont rejoint ce rassemblement inédit, je n’ai pas souhaité apporter mon soutien à cette démarche. La FI et le PCF, qui a soutenu Nelly Roland au second tour, non plus. Si je comprenais la volonté de chercher le moyen de mettre fin à la gestion de Martine Valleton, je n’étais pas convaincue par la confusion politique engendrée. Au vu des résulats, je constate que la politique n’est décidément pas une affaire mathématique. La fusion des listes emmenées par Mélissa Youssouf au second tour aurait pu, sur le papier, permettre de recueillir 42% des voix, si l’on cumule les résultats du premier tour. Mais trop d’électeurs ne se sont pas reconnus dans cette proposition politique particulièrement hétéroclite. Car la politique est affaire de dynamique (1+1 peuvent faire 4 comme 0,5). La clarté, la cohérence et la confiance en sont des éléments moteurs.

La droite pourra donc effectuer un nouveau mandat et le paysage politique villepintois à gauche se trouve profondément affecté par les divisions et configurations de ce second tour. Je formule le vœu qu’une opposition cohérente puisse se former progressivement et qu’à partir du fond politique, nous puissions reconstruire à Villepinte une force de transformation sociale et écologiste, capable de s’opposer, de proposer et de gagner.

Clémentine Autain

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