Question écrite au ministre de l’Intérieur :
Tabassages, coups de matraque, gaz entrainant des vomissements, interpellations de journalistes et confiscation de leur matériel de travail… les images et les récits des dernières manifestations dans l’espace public sont choquantes. Les chiffres confirment une situation d’extrême violence. Depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », on dénombre plus de 24 éborgnés, au moins 2 400 blessés côtés manifestants et 1 800 parmi les forces de l’ordre. La mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement s’inscrit dans ce sillage. Nous assistons à des violences policières hors normes.
Les photos de membres arrachés et de manifestants défigurés, alors même que les personnes manifestent pacifiquement, laissent à penser que la violence des forces de l’ordre est aujourd’hui banalisée. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos donnent à voir des débordements et un usage manifestement disproportionné de la violence par les policiers. Nous y voyons par exemple une femme, gréviste depuis 36 jours, traînée au sol sur plusieurs mètres. D’autres manifestants sont tabassés, plaqués au sol, gazés à proximité du visage. Des vidéos témoignent clairement de l’usage de LBD à une distance nettement inférieure à 10 mètres, distance obligatoire pour l’usage de ce matériel.
Des parlementaires, notamment de la France Insoumise et du groupe GDR, se mobilisent contre l’augmentation de cette forme de répression qui est à l’œuvre depuis plusieurs mois. Nous avons émis de nombreuses propositions pour une désescalade de la violence et le respect du droit à contester, à manifester dans notre pays attaché aux libertés et à la démocratie. Une proposition de loi a été déposée visant à interdire l’usage des LBD 40.
La tension permanente génère de graves manquements en dehors des manifestations. Nous avons en tête le récent décès de Cédric Chouviat, livreur de 42 ans décédé à la suite d’un contrôle d’identité. La mort tragique de ce père de cinq enfants, des suites d’un plaquage au sol entraînant une fracture du larynx, appelle à une réaction forte de la part du Ministère. Ce drame est la triste illustration d’une montée en puissance de la tension qui gangrène la relation entre police et population : il est urgent de rétablir un climat de calme et de dialogue. Les forces de l’ordre pâtissent de cette situation, ils ne sont aucunement protégés par l’impunité et l’engrenage de la violence.
La députée appelle le ministre de l’Intérieur à prendre les mesures nécessaires pour que les forces de l’ordre s’appliquent à leurs missions premières : protéger, calmer, encadrer. La députée rappelle que la police n’est pas un outil politique au service d’un gouvernement en difficulté mais une institution de protection au service des citoyens.