Depuis le lundi 27 janvier 2020, des élèves, des professeurs et des parents d’élèves du Lycée Blaise Cendrars manifestent leur opposition aux E3C, ces nouvelles épreuves du bac Blanquer. Hier, sur 270 élèves environ, seuls vingt ont franchi le seuil de la porte de l’établissement pour passer les épreuves. Le stress des élèves, la peur du zéro sont là mais la conscience du danger de cette réforme du bac l’a emporté. Je pense à celles et ceux qui, ce matin, à Villepinte se mobilisent également. Je pense aux parents évidemment, inquiets de cette situation qui est le résultat d’un entêtement et d’une impréparation côté gouvernemental.
Comment ne pas comprendre l’angoisse et la colère ressenties par les élèves quand tombent des sujets sur des thématiques qui n’ont pas encore été abordées en cours ? Comment ne pas entendre la colère des professeurs, qui voient les inégalités territoriales s’abattre comme un destin fatal sur leurs élèves avec ces épreuves, au détriment d’un bac national ? Comment enfin ne pas partager l’angoisse des parents, qui pressentant que désormais l’avenir de leur enfant se joue dès le premier trimestre de première, voient d’un mauvais œil les conditions d’examens exécrables qu’ils subissent ? Ces mêmes élèves de Seine-Saint-Denis ont perdu en moyenne une année de scolarité, du fait du non remplacement de professeurs absents. Et demain, si ce bac local était maintenu, ce sont les inégalités qui vont se creuser violemment car un 12 au bac à Sevran ne vaudra pas un 12 au bac passé à Paris. Voilà la triste réalité sur laquelle s’assoit le ministre Blanquer.
En passant en force cette réforme, contre l’avis de la communauté éducative, le gouvernement a créé les conditions pour un désastre général. Alors qu’il affirmait, aux côtés des recteurs d’académie, que les épreuves se dérouleraient comme prévues, une question se pose. Où est-il, maintenant qu’un tiers des établissements sont touchés par la contestation ? Ces derniers jours en Seine Saint Denis, et partout sur le territoire, des épreuves sont annulées, reportées, ou se tiennent dans des conditions inacceptables. Le rectorat n’a de réponse que l’intimidation, en brandissant la menace d’un zéro collectif. Les élèves, loin de s’avouer vaincus ont poursuivi leurs efforts et désormais, une majorité d’élèves du département n’ont pas passé les épreuves. Faut-il punir leurs inquiétudes comme on condamne leur avenir avec des conditions d’enseignement indignes de la République ?
À Grenoble ou Bordeaux, des épreuves se tiennent sous la surveillance de policiers en arme. La situation est tellement tendue entre l’administration et les élèves, que les pleurs en salle d’examen sont quotidiens… Il ne fait aucun doute que dans le climat actuel, qui constitue une rupture des conditions d’égalité devant l’épreuve, la seule décision responsable est d’annuler les E3C.