L’Assemblée nationale a voté hier soir en seconde lecture en faveur du projet de loi portant le délai légal d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse. C’est une avancée primordiale pour les femmes qui doivent être accompagnées et non culpabilisées dans cette démarche. Encore faut-il que cette loi soit définitivement adoptée ! Or le gouvernement a passé deux jours à donner un avis de « sagesse » et ne s’engage aucunement pour que la loi puisse trouver une issue finale avant la fin du quinquennat. Les réticences d’Emmanuel Macron sur ce sujet, qui ressemblent à une opposition, rejaillissent sur la majorité parlementaire.
Durant deux jours, face à une droite cherchant tous les prétextes pour durcir les conditions d’accès à l’avortement, nous avons fait entendre le droit des femmes à disposer de leurs corps. Pour rendre le droit à l’avortement effectif, la loi comprend également la possibilité pour les sages-femmes de pouvoir pratiquer des IVG instrumentales, la suppression du délai de réflexion de 2 jours et la création d’un répertoire des professionnels de santé pratiquant des IVG. Toutes ces évolutions visent à faciliter l’accompagnement et l’information des femmes dans ce parcours. La loi, dans son article 2, prévoyait également la fin de la clause de conscience pour les médecins en matière d’IVG, une clause qui s’ajoute à celle dont bénéficient déjà ces praticiens. Les mouvements féministes l’attendaient depuis longtemps. Or le Premier ministre semble avoir fait pression hier sur les députés pour empêcher l’adoption de cette disposition. Dans un tour de passe-passe auquel j’ai assisté atterrée, la majorité parlementaire LREM a d’abord voté, dans un scrutin public, contre un amendement visant à supprimer cet article 2 puis, à mains levées, pour un amendement supprimant la fin de la double clause de conscience contenue dans le projet de loi initialement.
Ce recul laisse un goût très amer. Cette mesure n’aurait pas obligé les personnels de santé à pratiquer l’IVG, mais devait assurer aux femmes d’être orientées vers un professionnel acceptant de le faire. Nous avons maintenant besoin de l’engagement du gouvernement pour que cette bataille globalement gagnée dans l’hémicycle par l’adoption de cette loi puisse devenir une réalité. C’est pourquoi avec mes collègues de gauche, nous ne décolérions pas hier de l’attitude passive du gouvernement. Le droit à l’avortement a toujours été et reste un combat. La liberté et l’égalité nous appellent à le mener.
Clémentine Autain