Je reçois de nombreux messages et témoignages de la situation extrêmement tendue pour préparer la rentrée scolaire post vacances de la Toussaint. Lundi, la communauté éducative et les élèves doivent être prêts pour un enseignement dans le cadre de règles sanitaires renforcées. Elle doit également affronter le choc de l’assassinat ignoble de l’enseignant Samuel Paty. Le tout avec des consignes très tardives et des messages parfois contradictoires du ministre Blanquer. Le brouillage des recommandations rend la mission extrêmement difficile pour les personnels des établissements scolaires mais aussi pour les administrations et les mairies qui les accompagnent.
Certains se demandent si au gouvernement, on a une idée de comment fonctionne un établissement. Préparer la sécurité dans le contexte des attentats, les attestations qui permettent aux personnels de se déplacer pour travailler, la distribution des masques, la minute de silence en hommage à Samuel Paty… c’est un énorme travail. Et ce d’autant que dans la journée de vendredi, rien n’était encore réellement calé sur l’horaire de rentrée, par exemple, ou sur l’heure voire le jour prévu pour l’hommage. La rentrée serait-elle lundi ou mardi ? À l’heure habituelle ou à 10h ? La minute de silence serait-elle au même moment partout ? Comment s’organisera-t-elle ? Je prends un dernier exemple qui me concerne : le ministre Blanquer a dit dans les médias que les parlementaires seraient bienvenus à la minute de silence puis nous avons appris que les présences extérieures n’étaient pas souhaitables.
Avec un défaut de réponses claires et fiables, la désorganisation est organisée par le sommet de l’État quand nous aurions besoin de méthode et de constance pour pouvoir appliquer les consignes et être rassérénés dans ce moment de crise sanitaire et de menace terroriste. Une feuille de route mouvante à moins de trois jours de la rentrée, c’est alourdir la charge et le stress des personnels, c’est amoindrir les capacités collectives d’atteindre les objectifs qui eux-mêmes apparaissent à certains égards peu compréhensibles…
J’imagine bien qu’un tel pilotage n’est pas chose aisée puisque nous affrontons des événements tragiques et qu’il est impossible de tout anticiper. Mais je comprends que tant de personnels, de chefs d’établissements, de maires soient vraiment abasourdis par les cafouillages et impréparations. La course contre la montre n’en est que plus ardue.
Dans ce climat si âpre, nous avons la chance de pouvoir compter sur des fonctionnaires et des vacataires engagés et dévoués au service de l’éducation des jeunes générations. Je veux ici les saluer chaleureusement. Nous avons applaudi les hospitaliers, à raison. Nous pouvons vraiment applaudir la communauté éducative. J’ai conscience que ce n’est pas suffisant, il y aurait tant à faire pour améliorer leurs conditions de travail et donc la qualité de l’éducation nationale et l’égalité devant elle, mais pour y parvenir, il faut donner de la voix en faveur de leur reconnaissance.
Je me suis adressée par courrier à la communauté éducative des établissements de Sevran, Villepinte et Tremblay dont je connais le dévouement. J’élargis ici mon soutien et ma solidarité à tous les personnels des écoles, collèges et lycées de France.
Clémentine Autain