J’ai écouté François Hollande en longueur sur BFM TV hier, sidérée par le vide et le conservatisme de son propos. Il n’a visiblement pas travaillé pour tirer les leçons des échecs passés et avoir quelque chose à proposer au pays aujourd’hui…
Sur la dureté de la vie pour le grand nombre et la violence des politiques macronistes, il n’a pas de mots.
Sur l’immigration ? Il faut appliquer les OQTF, voilà tout.
Sur la censure ? Il est fier de ne pas l’avoir votée pour sauver la stabilité du régime. Quant à celle déposée par les député.es socialistes après le budget, elle n’a pas vocation à être adoptée : une censure qui ne vise pas à censurer, quelle innovation !
Sur la présidentielle ? Il souhaite qu’elle n’ait pas lieu avant 2027 et qu’il y ait bien deux – voire plus – candidatures à gauche ! Hollande se réfère aux expériences passées, sans avoir atterri sur la nouvelle tripartition du champ politique et la bascule du monde, celle d’un vent international d’extrême droite qui se décline avec un RN aux portes du pouvoir en France.
Mon inquiétude, c’est le poids de cette (non) pensée sur la trajectoire actuelle du PS.
Olivier Faure avait réussi à remettre son parti sur des rails de gauche et à rompre avec la logique des deux gauches irréconciliables. Cette position qui a enthousiasmé reste fragile. Après le quinquennat Hollande, qui n’est pas si lointain, le soupçon en trahison reste vivant dans le peuple de gauche à son égard.
Personne ne peut, ne doit reprocher au PS d’appartenir à un courant plus modéré que ceux de ses partenaires du Nouveau Front Populaire, aujourd’hui éclaté. C’est leur culture, leur histoire, leur raison d’être. On ne s’allie pas avec soi-même mais avec une altérité.
Ceci posé, il faut des bases communes pour une convergence.
Comme beaucoup dans le peuple de gauche, je m’inquiète d’un changement de cap, d’un déplacement des idées et des objectifs du PS qui rendraient impossible l’union des gauches et des écologistes.
Le choix de la non censure ou l’acceptation du débat sur l’identité française, comme s’il ne déroulait pas le tapis rouge pour l’extrême droite, sèment un trouble.
La situation d’une extrême gravité dans laquelle se trouve le monde et la France nécessite que les conditions du rassemblement à gauche soient sans cesse recherchées, renforcées, travaillées.
Je formule le vœu de la raison retrouvée. Qu’il n’y ait pas chaque jour davantage de prise pour le déroulement de la guerre des gauches. Que personne ne perde le cap de ce qui nous a unis. Et que jamais ne soit oublié l’ennemi commun ultime, l’extrême droite.
Je mesure mon audace à rêver d’une telle trêve, d’un tel esprit de responsabilité dans ce moment où le spectacle de la division est reparti comme en quarante… Mais les dangers sont tels que jusqu’au bout, il faudra trouver l’énergie de l’espoir.
La dynamique populaire, vitale pour l’emporter, ne se fera pas sur la tiédeur du projet, ni sur le brouillard politique. Elle ne peut se nouer que dans la clarté de fond. Celle qui combat avec détermination le pouvoir en place. Porte une alternative franche à la marchandisation généralisée et à la destruction de la démocratie. Et se donne les moyens d’enrayer la vague brune en France.