« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

Aux côtés des pompiers du SDIS de Beaucouzé

Clémentine Autain

« Je ne sais pas si les gens en haut se rendent compte de la détresse dans ce pays », me lance un adjudant sur le départ pour la retraite. Juste avant, il m’avait exprimé sa stupéfaction devant les 80 personnes qui se sont pendues dans le département en 2024. Du jamais vu.

Les deux heures que j’ai passées au SDIS de Beaucouzé m’ont passionnée et bouleversée.

Il faut prendre la mesure de ce que les sapeurs-pompiers saisissent du mal-être dans une société où les services publics, les liens et les solidarités se délitent.

De leur engagement, fascinant.

De leurs difficultés, croissantes.

De la nécessité absolue de leurs services, essentiels.

Au cœur des échanges : l’évolution des missions des sapeurs-pompiers. Pour résumer, ce dont les nombreux professionnels qui m’ont reçue témoignent, c’est d’un basculement de leurs missions qui passent, dans les faits, de l’urgence vitale à l’urgence sociale. Au point de susciter cette remarque d’un officier : « Il y a une perte de sens ».

Le manque criant de nos capacités en soins psychiatriques, la saturation dans les hôpitaux, une police qui n’arrive plus à prendre en charge des cas où elle serait plus légitime, comme les cas d’ivresse… Aujourd’hui, l’intervention des pompiers vient combler tant de carences.

Si l’on ajoute le problème de recrutement des pompiers volontaires, de moins en moins disponibles en journée, très peu nombreux en ville, et cessant leur engagement en moyenne au bout de 11 ans, ce qui pose un grave problème car il faut 10 ans pour devenir responsable d’un engin d’incendies, on comprend le défi social et politique auquel nous sommes collectivement confrontés. Surtout dans un monde où les catastrophes naturelles sont amenées à exploser.

Ici encore, raviver l’esprit public est le fil pour donner aux sapeurs-pompiers les moyens de continuer et d’améliorer leurs capacités à nous venir en aide.

Un immense merci à toute l’équipe du SDIS de Beaucouzé qui nous a chaleureusement accueillies, avec mon amie de L’Après Claire Schweitzer, conseillère municipale et régionale, et qui nous a apporté de très nombreux éclairages.

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