« On devrait pouvoir s’offrir quelques années de printemps » Marguerite Duras

L’esprit public à Clermont-Ferrand & Sauxillanges !

Clémentine Autain

À Clermont-Ferrand, ma première rencontre fut avec les salarié·es de l’hypermarché Auchan Nord, promise à fermeture imminente. En jeu : 194 emplois supprimés, une galerie marchande en danger et un territoire populaire qui paiera la facture.

C’est avec violence que la nouvelle a été annoncée : le directeur régional est venu le 5 novembre s’exprimer devant le personnel pour vanter la relance d’Auchan. Un discours enthousiaste qui s’est laconiquement conclu par « c’est pourquoi nous allons fermer trois magasins dont le vôtre ». Des employé·es qui donnent beaucoup, parfois depuis plus de vingt ans, et qui sont mis à la porte sans ménagement, perdant les droits acquis, avec un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui n’est qu’un plan de suppression de l’emploi. Écœurant.

La direction du groupe, qui réalise 32 milliards de chiffre d’affaires et 1,3 milliards de profits, fait payer au personnel sa mauvaise gestion, son manque d’investissement, sa quête infinie de dividendes. Depuis plusieurs années maintenant, nous savons que l’hypermarché est un modèle qui ne correspond pas aux besoins contemporains. J’en sais quelque chose pour avoir écrit un livre à ce sujet : À gauche en sortant de l’hypermarché. Mais aucun pilote public n’a enclenché la mutation nécessaire.

Face à ces plans sociaux qui se démultiplient, que fait l’État ? Il se complait dans une passivité coupable. Pourtant, comme pour l’industrie, il a les moyens d’agir avec les aides publiques, dont Auchan s’est gavée, la fiscalité, le cadre légal. Encore faut-il anticiper les transformations nécessaires et ne pas laisser faire les logiques de marché.

À quelques pas du magasin, j’ai retrouvé les équipes de L’Après, Génération·s et Picardie Debout pour une réunion sur les services publics. De très nombreux témoignages sont venus nourrir mon diagnostic : le mal-être des personnels va croissant, l’impossibilité de mener à bien leurs missions est insupportable, les besoins essentiels non satisfaits pour les citoyen·nes sont béants… J’ai entendu la colère et l’angoisse, dans la voix d’une infirmière, d’une retraitée face à la suppression de l’abattement fiscal de 10% ou d’un travailleur social.

L’union à gauche fut clairement plébiscitée comme solution pour remobiliser, notamment dans les classes populaires. Pour ouvrir l’espoir et gagner.

Car en attendant, voilà ce que j’ai entendu : « je suis épuisé par la non-efficacité de la gauche ». Un propos symptomatique. Il faut sortir de là. Vite.

À une petite heure de Clermont, j’ai été merveilleusement accueillie à Sauxillange. Le formidable maire, Vincent Challet, m’avait invitée dans la salle des fêtes de son bourg de 1 200 habitants. Devant un public venu nombreux, j’y ai présenté mon esprit public. Le débat avec les habitant·es m’a une nouvelle fois convaincue que je vise juste. Dans cette pierre au récit commun, il y a matière à unir les quartiers et les campagnes populaires.

Merci à toutes les équipes qui ont permis cette chaleureuse et instructive étape de ma tournée dans le Puys de Dome.

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