C’est une nouvelle qui réchauffe le cœur.
Avec une participation exceptionnelle, les New-Yorkais ont choisi leur maire : Zohran Mamdani. C’est une immense joie, d’abord parce que les habitant·es de cette place forte du capitalisme, où les inégalités sont exacerbées, vont pouvoir vivre mieux.
Le succès de ce jeune candidat (34 ans) au profil atypique nous donne une leçon, regardée partout dans le monde. Si comparaison n’est pas raison – les États-Unis, ce n’est pas la France, une municipale n’est pas équivalente à une élection nationale… –, sa campagne gagnante est, pour la gauche française, une source d’inspiration pour nos échéances à venir.
Alors que les fractures, les confrontations et interrogations sur la stratégie victorieuse nous animent en vue de 2027, je propose de tirer 5 leçons du combo gagnant de Zohran Mamdani et ses équipes.
- Le trumpisme n’a pas anéanti le mouvement émancipateur. Ceux qui ont vu le film « The Apprentice » ont pu prendre la mesure de l’attachement de Donald Trump à New-York pour en faire un modèle de l’obscénité des puissants et du pouvoir de la finance. Zohran Mamdani lui a tenu tête avec cohérence et détermination. Il s’est opposé pied à pied à son idéologie. Et c’est l’une des clés du succès : Mamdani a mobilisé toutes les énergies qui ne veulent pas de ce monde violent, autoritaire, injuste, raciste, sexiste, climato-négationniste. Elles existent. En masse.
- La radicalité de Zohran Mamdani, même s’il faut la replacer dans le contexte des États-Unis, et donc la relativiser au regard de nos propres canons d’appréciation, a été un levier positif pour l’emporter. Le socialisme du nouveau maire de New-York est clairement ancré à gauche. À sa façon, moderne, il a porté la lutte des classes et la mise en commun des richesses. Il a incarné la colère populaire et la confrontation avec les ultra-riches. « Les milliardaires ont déjà tout, c’est à votre tour », a-t-il asséné sans détours. Son mantra s’est aussi résumé dans cette formule : « ce que nous faisons à New-York, c’est démontrer que la gauche peut gouverner sans renier ses idéaux ». J’y vois une leçon pour les temps présents qui appellent à prendre à la racine les problèmes, à porter le fer contre le désastre capitaliste et productiviste, contre le pouvoir de la finance et l’affaissement de l’esprit public, et non à composer avec des logiques qui nous conduisent dans le mur.
- Ce qui me plait chez Zohran Mamdani, c’est aussi l’articulation qu’il a réussi et incarné de tous les combats émancipateurs. Entre l’anti-racisme et la hausse des salaires, il ne choisit pas. Il porte tout. Il embrasse l’écologie et le féminisme, la lutte contre la vie chère et pour les Palestiniens. C’est exactement ce pour quoi je plaide, par exemple dans l’une de mes dernières tribunes (https://legrandcontinent.eu/fr/2025/10/28/male-america-great-again/).
- Son écoute de la population et sa maitrise des réseaux sociaux ont été décisifs. La touche Mamdani, ce sont toutes ces pastilles vidéo où il s’appuie sur la parole des habitant.es pour apporter des solutions très concrètes : gratuité des transports, épiceries sociales, mesures contre la spéculation immobilière, pour l’accueil de la petite enfance… Son aisance dans le contact, toujours visible à l’image, sa simplicité pour exprimer son projet, ses formules qui claquent font partie intégrante de son succès. De la sincérité et de la proximité : voilà ce qu’il nous faut.
- Last but not least, la méthode de désignation de Zohran Mamdani parmi huit candidats est instructive. C’est un processus démocratique qui a permis d’opter pour un partisan d’une gauche franche, au profil neuf, issu de la diversité, rompant avec les incarnations démocrates modérées et encravatées. Ce modèle de primaire n’est pas celui auquel nous avons traditionnellement recours, uninominal à deux tours. Ce fut un vote préférentiel, c’est-à-dire un scrutin proportionnel plurinominal dans lequel les électeurs peuvent voter pour un ou plusieurs candidat·es. Je le crois plus adapté, plus pertinent. Quand il faut battre l’extrême droite, l’union est une clé. Pour départager une candidature, la démocratie est l’outil à privilégier. Même si en l’occurrence, l’un de ses concurrents éliminés, s’est présenté contre lui mais a été défait à plates coutures. La primaire crée de la dynamique populaire. Et il est instructif de constater que le choix s’est porté sur une gauche haute en couleurs, et pas délavée. C’est là aussi une leçon.
En France, de tous ces ingrédients, nous avons à prendre de la graine !

